dimanche 27 février 2011

Les Raisons de mon engagement

Tout au long de son histoire, la France s’est trouvée à la tête des combats pour les droits de l'homme.

C’est au nom de ces valeurs universelles et de leur rayonnement, et sans vouloir donner de leçon à qui que ce soit, que nous avons la responsabilité de faciliter activement l'expression du devoir de mémoire à travers le monde, sans aucune exclusive et sans se voiler la face dans notre pays.

L'histoire de chaque peuple est une partie de l'histoire de l'humanité. À l'époque de la mondialisation, nous devons œuvrer à une compréhension mutuelle de l'histoire de chaque peuple et ainsi faire en sorte que le respect de l'autre soit le ciment d'un monde libre qui assume son passé.

Tout comme nous avons reconnu la Shoah, reconnaissons le génocide tzigane.
Des dates dramatiques jalonnent les douleurs de cette communauté d’un million sept cent mille âmes en Europe. Des dates horribles, oubliées voire volontairement effacées de l’histoire, y compris en France.

À l’automne 1945 s’est ouvert le procès de Nuremberg. Jusqu’à son verdict, le 1er octobre 1946, aucun Tzigane ne sera appelé à témoigner…
A la fin de la guerre, les Tziganes sont absents du procès de Nuremberg. Pourtant, ce génocide sera reconnu en Allemagne en 1982. En Hongrie, un musée consacré à ce génocide est construit en 1998. Ce pays commémore chaque année, depuis 2001, le souvenir des Tziganes victimes de ce génocide auxquels il consacre un cours d'histoire dispensé à tous les adolescents.

En juillet 1990, le Parlement européen a reconnu les peuples tziganes comme une ethnie européenne.

Le 5 avril 1995, l’Allemagne a élevé une stèle à la mémoire de ces populations du voyage victimes de la barbarie hitlérienne.
La Hongrie commémore chaque année, depuis 2001, le souvenir des Tziganes victimes de l’holocauste auxquels elle consacre un cours d’histoire dispensé à tous les adolescents.

En France, le génocide tzigane n’est toujours pas reconnu.
De même, si le carnet anthropométrique a disparu, c'est pour être remplacé par un carnet de circulation ne constituant ni une pièce d'identité ni un justificatif de nationalité, encore moins un passeport.

On ne peut nous opposer l’argument selon lequel les hommes politiques ne doivent pas écrire l’histoire : les crimes contre l’humanité sont reconnus comme réalités historiques, et nul historien ne songe aujourd’hui à nier le génocide arménien ou le génocide rwandais.

Dans le respect du travail de recherche des historiens et dans le respect de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, la représentation nationale a non seulement le droit, mais aussi le devoir, de considérer que le négationnisme n'est pas un mode d'expression comme les autres. Son objectif est en effet de falsifier l'histoire pour effacer toute trace des génocides de la mémoire collective.

Grâce à la loi Gayssot, la France sanctionne la négation des crimes contre l’humanité. Or, elle ne peut méconnaître les génocides non reconnus à l’époque : les sanctions doivent également viser leur négation.

L’extension du délit de négationnisme au génocide Tzigane a ainsi échappé à toute sanction juridictionnelle – d’autant que la Cour internationale de justice et les tribunaux pénaux internationaux sont incompétents en la matière. Actuellement, seule la contestation du génocide juif constitue donc un délit. On entend certaines voix critiquer la loi Gayssot : sa remise en cause est inacceptable alors même que la Shoah continue d’être niée avec morgue par les partisans de l’extrême droite.
Le Parlement européen a montré la voie le 02 février dernier en honorant la mémoire de près d’un million de personnes trop longtemps oubliées dans la mémoire collective et ne compte pas en rester là.

Cet acte de mémoire était très attendu par les associations tsiganes: La reconnaissance du génocide doit permettre le souvenir, mais doit aussi être le gage d'un autre futur. Tony Gatlif, cinéaste fils d'un père kabyle et d'une mère gitane était présent pour cette occasion et a déclaré sur son film "Liberté", qui traite de la déportation des Tsiganes durant la seconde guerre mondiale, « à défaut de changer le monde, nous avons au moins été entendus ».

Cette initiative voulue de longue date par les familles des victimes et les associations tziganes est un acte de reconnaissance historique à l’échelle européenne. Pour mémoire sur les 1 million 750 Rrom qui vivaient en Europe à cette époque, entre 500 000 et 750 000 ont péri dans ces camps de la mort.
Voilà pourquoi, nous avons lancé ce Comité d’Action pour la Reconnaissance du Génocide Tzigane où nous souhaitons réunir le plus grand nombre de citoyens, d'associations, élus.

Proposition de faire déposer de nouveau la proposition de loi que j’avais faite quand j’étais député.

Frédéric DUTOIT
Ancien Député
Conseiller Municipal de Marseille

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