mercredi 2 mars 2011

Discours de l'association NOTRE ROUTE le 24/02/2011

O Lungo Drom - Le long chemin-

Venus du Nord de l’Inde tout au long d’une migration très longue, ceux que l’on appelle aujourd’hui Rrom, sont présents dans toute l’Europe depuis au moins six (6) siècles, si ce n’est plus. Mais une constante est la notre depuis le début et que nous y sommes : méfiance, rejet et même, ce qui est plus grave PERSECUTIONS. Il n’y a, comme le dit si bien Alexandre ROMANES « pas beaucoup de gens qui se trouvent moins bien qu’un gitan ».

Nous sommes désignés sous diverses appellations selon l’époque et la provenance à laquelle on veut bien nous rattacher : Bohémiens, Egyptiens, Romanichels, Manouches, Gitans, Tziganes, Rrom. Cette pluralité d’appellation est déjà un signe de notre éparpillement et de notre diversité multi culturelle. Cette difficulté à nous identifier précisément n’a jamais été un obstacle pour nous désigner comme bouc émissaires responsables de la majorité des maux surgissant dans vos sociétés. La répression féroce exercée à notre encontre et toute aussi ancienne que variée allant de l’esclavage à l’extermination, en passant par toutes les sortes d’humiliation : incarcérations, bannissement, stérilisations eugéniques, l’arrachement des enfants à nos familles, l’assimilation forcée et nous en passons.

Quelques rappels de dates : en 1682, Louis XIV ordonne la condamnation aux galères de tous les hommes bohémiens sans procès et à perpétuité et ordonne également que leurs femmes voient leurs cranes rasés ainsi que la séparation d’avec leurs enfants, lesquels seront tous expédiés dans les hospices : que d’éclipses dans la grandeur du roi Soleil au cours de son règne.

Au siècle dit des lumière, les philosophes n’ont pas été d’avantage brillant sur la question des bohémiens, définis dans un article de l’ »Encyclopédie » comme une espèce déguisée, de manants et vagabonds sous des habits grossiers, mystificateurs et voleurs.

En 1802, plusieurs centaines de bohémiens au Pays Basque sont emprisonnés dans le but de déportation en Louisiane. Le projet ne voit pas le jour mais la mise à l’index continue. Des tentatives de sédentarisations forcées sont faites au XIXème siècle, qui toutes échouent. Autant essayer de sédentariser des caribous, des baleines etc.. Dans l’univers bourlingueur pourquoi ne bougerions-nous pas demandait « Alexandre ROMANES lors d’un entretien téléphonique.




Au XXème siècle la science vient au secours des politiques de répression des gens du voyage, appellation administrative de nos populations afin de nous différencier des autochtones L’eugénisme et le souci de « protection de la race » préparent le terrain à leur internement dans les camps de concentration dès 1940, puis à leur déportation massive vers les camps d’extermination à partir de 1942. Il est à noter que c’est au moins 750 000 voire UN MILLION selon certains, le nombre de Rrom d’Europe morts sous le nazisme.

Aujourd’hui, si la méthode n’est pas comparable la résultante a les mêmes effets pervers de relents racistes sans savoir si dans leur pays de naissance d’autres méthodes plus radicales ne s’opèreront pas.

L’angélisme à notre sujet n’est pas de mise pas plus que la victimisation, nous sommes et voulons rester un peuple à part, sans confusion avec le monde « Gadjes » (non gitans) sans pour autant le rejeter car notre volonté est de préserver nos us et coutumes ancestrales.

Nous n’avons pas de terre et n’en revendiquons pas car le fait d’avoir un pays impliquerait des frontières et nous perdrions à ce moment là notre entité Rrom épris de LIBERTE.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire